Texte de Georges DUHAMEL
Nous revenions de l'école, un jour du mois de mai. Maman, comme de coutume, nous guettait, du haut du balcon, là-haut, tout en haut, dans le ciel. Ferdinand venait déjà de s'engager sous la porte et moi je musais, encore au coin de la rue, faisant valser mon cartable à bout de bras et chantonnant, quand un chien inconnu, un chien étranger à notre monde, exaspéré par mon manège, me sauta férocement à la poitrine et me renversa par terre. J'en étais encore à comprendre et, déjà, Désiré se ruait sur la bête.
Il l'avait saisie par le col et, tel Hercule enfant étranglant un monstre, il serrait, les veines du front, tuméfiées par l'effort. Maman, penchée sur le balcon, emplissait l'espace d'appels dramatiques. Un charretier mit la bête en fuite. Désiré Wasselin avait été mordu en deux places, à la main et au poignet. Pâle et sanglant, qu'il me parut admirable! Il me prit dans ses bras, encore que je fusse sain et sauf, et m'emporta dans l'escalier. Toute la maison parut aux portes.
Georges DUHAMEL Le Notaire du Havre, 1933
Notes : Ferdinand est le frère du narrateur. "Je musais" signifie "je m'amusais", "je flânais"...
Questions : Relevez et classez les informations données par le narrateur selon les questions suivantes : qui? quoi? où? quand? comment?
Observez les temps de conjugaison utilisé. Pourrait-on utiliser les mêmes temps dans un article de presse?
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